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La candidature au patrimoine mondial du bien en série « Le système de forteresses de lasénéchaussée de Carcassonne
(XIIIE-XIVE SIECLES) »

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Les huit biens proposés en série sont : Les remparts et le château de Carcassonne, Lastours, Termes, Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens, Montségur.
Une candidature au Patrimoine Mondial doit être fondée sur une « Valeur Universelle Exceptionnelle» (VUE) étayée par un ensemble d’arguments et de constats justifiant qu’un bien se distingue des autres sites de même nature et présente des caractères uniques à l’échelle mondiale.

Pour « Le système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne (XIIIe-XIVe siècles) » la VUE est basée sur le fait qu’au milieu du XIIIe siècle, les conséquences militaires et politiques de la croisade contre les Albigeois, permettent aux rois de France d’étendre son domaine sur les terres des comtes de Toulouse et des vicomtes de Carcassonne. Sur ces territoires rebelles et contestés, il développe rapidement un réseau de fortifications exceptionnel. Ce réseau est très dense autour de Carcassonne, pour deux raisons, la ville verrouille l’axe Narbonne-Bordeaux (Atlantique-Méditerranée) mais contrôle aussi le massif des Corbières qui forme alors frontière avec le royaume d’Aragon-Catalogne. La cité de Carcassonne est entièrement refortifiée avec une ampleur et des moyens considérables. Pour assurer la défense avancée de la Cité, la même démarche s’applique à une série de châteaux confisqués à des seigneurs locaux et entièrement restructurés pour être transformés en forteresses abritant des garnisons royales.

La Cité et les châteaux sont donc rebâtis en même temps, pour le même maître et par les mêmes équipes avec une ampleur et des moyens à la hauteur de l’enjeux stratégique que représente la région pour le roi de France. Ils sont construits selon des principes d’architecture militaires venu du nord de la France et développés dans le milieu royal., caractérisés par la prédominance d’une défense active mise en oeuvre avec une certaine standardisation : taille de pierre soignée en grand appareil, pierres à bossage, archères à bêche ou à étrier, tours ouvertes à la gorge… En outre, dans les territoires concernés, les maîtres d’oeuvre doivent s’adapter à des reliefs escarpés et inventer des solutions architecturales tout à fait novatrices.

Le système de forteresses royales de la sénéchaussée de Carcassonne témoigne, de la diffusion d’un modèle de fortification depuis le nord de la France vers le bassin méditerranéen, et de son adaptation à des crêtes montagneuses escarpées. Il est édifié selon les principes de l’architecture militaire capétienne du XIIIe siècle, qui n’avait pas encore gagné le Languedoc. Sa construction contribue à l’expansion et à l’affirmation du pouvoir royal français. L’implantation de ce réseau de forteresses au sein d’une région à la topographie difficile est emblématique de la capacité de l’administration capétienne du XIIIe siècle à planifier la maîtrise d’un vaste territoire par l’édification d’un système défensif centralisé et cohérent. Au-delà de la seule fonction militaire, l’aspect ostentatoire des forteresses de montagne, dont l’architecture prolonge le relief, contribue à marquer le paysage du sceau de l’autorité royale.

La Cité de Carcassonne et les forteresses royales qui l’entourent témoignent des différents événements historiques qui se sont déroulés dans le sud du Languedoc, au sein desquels la répression de la dissidence cathare revêt une importance particulière. Remplaçant des place-fortes féodales anciennes dont elles intègrent ponctuellement des éléments, elles dominent les vestiges de pôles seigneuriaux abandonnés ayant résisté à la croisade et à la conquête royale.

Le système de forteresses est administré depuis le château de Carcassonne par le sénéchal, représentant direct du roi. Il est caractéristique du centralisme royal mis en oeuvre pour contrôler un territoire considéré comme potentiellement rebelle. Par sa répartition linéaire face au royaume d’Aragon, ce système fortifié illustre l’implantation de la monarchie capétienne sur les piémonts nord des Pyrénées. Il préfigure cinq siècles d’interventions directes du royaume de France en péninsule Ibérique, dont les conséquences militaires et politiques sont une contribution majeure à l’histoire de l’Europe. Les forteresses royales ont été impliquées dans de nombreuses actions de guerre durant quatre siècles, jusqu’au traité des Pyrénées qui entérine le déplacement de la frontière vers le sud et entraîne leur abandon progressif.

La Cité, coeur du dispositif, a conservé l’intégralité de son périmètre fortifié, Viollet-le-Duc ayant surtout reconstruit les couronnements des murailles. Parmi les châteaux royaux qui entouraient Carcassonne, les sept châteaux de la candidature présentent des vestiges suffisamment bien conservés pour présenter un état d’intégrité et d’authenticité compatible avec les critères du

Patrimoine Mondial. Cet ensemble de monument apparaît comme unique et constitue le « bien en série » candidat.
Il est important de prendre en compte que, du point de vue du Patrimoine Mondial, c’est la somme des huit monuments qui forme le bien, sans hiérarchie entre eux, d’où une obligation de cohérence dans les politiques mise en oeuvre pour leur conservation et leur gestion. Pour être recevable par les instances du Patrimoine Mondial, une candidature doit être, obligatoirement accompagnée d’un plan de gestion. Un instrument de pilotage à l’échelle du bien en série conçu à partir de moyens participatifs dans le but de préserver et valoriser la VUE.

L’inscription au patrimoine mondial se déroule en quatre temps :
❖ Inscription par l’Etat sur une liste indicative
❖ Sélection du dossier par l’Etat
❖ Examen du dossier par les organisations consultatives internationales
❖ Décision du Comité du Patrimoine Mondial
La candidature du bien en série est en marche vers le deuxième temps : la sélection du dossier par l’État. Plusieurs étapes ont déjà été franchies :
❖ 2013, création d’un comité scientifique pour définir la VUE,
❖ 2017, inscription du bien sur la liste indicative et première audition devant le comité des biens
français aboutissant à la validation de la VUE par l’Etat.
❖ 2019, création de l’AMPM chargée de porter la candidature et réunissant l’ensemble des
collectivités concernées.
❖ 2020 deuxième audition devant le comité français du patrimoine mondial pour validation de la méthodologie de définition des futurs périmètres et démonstration de l’intégrité et authenticité et lancement de la co-élaboration du plan de gestion.
❖ 2021, troisième audition devant le CFPM pour la validation des périmètres du bien, de la zone tampon et des protections associées.
❖ 2023, quatrième audition devant le CFPM pour la validation du plan de gestion.
❖ Avril 2024, quatrième et dernière audition devant le CFPM avant la validation ultime du dossier pour une sélection par l’État.